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96 HEURES QUI DERAILLENT

15 juillet 2009

DIMANCHE 19 15H AG A LA PAROLE ERRANTE

DIMANCHE 19 15H AG A LA PAROLE ERRANTE

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15 juillet 2009

SUR MEDIAPART

 médiapart :

Joachim Gatti, victime du flash-ball à Montreuil: «Il me reste un œil et avec lui une haine sourde»

Lire Aussi A Montreuil, la police tire, un manifestant perd un œil                                                                         
Des affrontements ont eu lieu avec les forces de l'ordre, lundi 13 juillet au soir à Montreuil-sous-Bois, lors d'une manifestation ayant réuni des centaines de personnes, de tout âge et tout horizon, contre les violences policières et l'expulsion de l'ancienne clinique occupée. Plusieurs participants ont été gardés à vue, dont un journaliste stagiaire du Monde qui couvrait l'événement, rapporte le quotidien.

Durant la manifestation du 13 juillet © Carine Foutea

Le 8 juillet dernier, après l'évacuation de cette ancienne clinique, les policiers ont fait usage de flash-ball,

touchant en plein visage Joachim Gatti. Ce réalisateur de 34 ans a perdu un œil.

Lundi en fin de journée, lors du rassemblement, un de ses amis a lu le texte qu'il avait préparé:


   

 

© Mediapart

           

(Cliquer sur la flèche pour entendre l'intervention)

 

Mardi matin, Dominique Voynet, maire de Montreuil-sous-Bois, s'est élevée contre l'intervention des forces de l'ordre la veille pour disperser la manifestation. L'ancienne dirigeante des Verts a estimé sur France Info qu'il s'agissait d'une «démonstration de force totalement inutile qui a généré à son tour le désordre» à la suite d'un ordre qui venait selon elle probablement «d'en haut». La «manifestation dans laquelle la tension était palpable, dans laquelle aucune violence n'a été commise, a été dissoute assez violemment par les forces de l'ordre», a-t-elle déploré.

 

Joachim Gatti n'est pas la première personne à être blessée par un tir de lanceur de balles de défense, plus connu sous le nom de Flash-ball, une marque déposée.

«Mettre hors combat»

Cette arme à «létalité atténuée», inventée et fabriquée par Verney-Carron, lance des projectiles qui ne sont pas destinés à tuer la cible, mais à la mettre «hors combat». Les munitions les plus fréquentes sont des balles en caoutchouc qui répartissent leur puissance «sur une surface de 35cm2» à l'impact, provoquant «le même effet qu'un coup de poing d'un champion de boxe», détaille le fabricant. Mais le même lanceur peut envoyer avec la même violence d'impact des balles lacrymogènes et des balles colorantes, servant à marquer leur cible.

Lorsqu'il était ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy avait appuyé le développement de l'arsenal dit «non létal» des forces de l'ordre, car, si «la police doit rester républicaine, ce n’est pas la condamner à l’inefficacité». Avec les armes «à létalité atténuée», «dissuasives» mais «pas mortelles», la sémantique fit passer l'idée que le maintien de l'ordre pouvait être respecteux de la vie et de la dignité des personnes.

 

Le modèle Flash-ball Super-pro dont est munie la police

 

Or, si les projectiles sont étudiés «pour éviter, même à très courte distance, la pénétration sur un individu normalement vêtu», ils peuvent néanmoins provoquer des lésions irréversibles selon l'usage qui en est fait. En effet, comme tout projectile, si la balle atteint une zone sensible du corps, la blessure peut être bien plus grave qu'un hématome. On peut ainsi affirmer – sans que nous ayons connaissance de tous les cas de mutilations ou de séquelles irréversibles dues au Flash-ball – que près d'une dizaine de personnes ont perdu un œil en France depuis quatre ans.

Les projectiles du lanceur Flash-ball

Dans les Yvelines, en Seine-Saint-Denis...

Mercredi 6 juillet 2005, un garçon de 14 ans habitant aux Mureaux (Yvelines) perd un œil alors qu'il jouait aux alentours d'un immeuble voué à la démolition où la police intervenait pour en déloger des occupants. Sékou descendait par un balcon du premier étage et s'est retrouvé nez à nez avec un policier armé qui a «paniqué». «Sekou n’avait aucun bâton, ni barre de fer et n’était pas menaçant. Il a levé les mains. Le policier en tenue a mis un pied en avant puis un autre en arrière et s’est mis en position de tir en pointant Sekou avec son arme sans l’avertir. J’ai entendu la détonation et Sekou est tombé face contre terre en se tenant la tête dans les mains. Il ne bougeait plus. Un policier en civil s’est approché et lui a mis des coups de tonfa sur les jambes et dans les côtes et l’a menotté», raconte un animateur du centre social de la Vigne Blanche qui a assisté à la scène.

En octobre 2006, c'est un adolescent de 16 ans qui perd un œil, à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), dans des circonstances troubles. Accusé d'avoir participé à l'édification d'une barricade et d'avoir lancé des projectiles sur des policiers, il est interpellé dans une rue adjacente près du lieu des affrontements, gravement blessé.

A Nantes, en novembre 2007, lors du mouvement contre la réforme sur l'autonomie des universités, un lycéen de 17 ans participant à une manifestation devant le rectorat est atteint «par un tir de Flash-ball dont il affirme qu’il a été tiré par le policier cagoulé avec son Flash-ball jaune», apprend-on sur le site du collectif de vigilance qui s'est formé à cette occasion. Ce «Flash-ball jaune» n'est autre que le nouveau lanceur de balle de défense «LBD 40», plus puissant et précis que le modèle Super-pro utilisé depuis 1999. Fin 2007, il était encore en cours d'expérimentation.

 

Le lanceur de balles de défense 40

 

C'est au lendemain des émeutes qui ont eu lieu en fin d'année 2007 à Villiers-le-Bel (Val-d'Oise) que la direction de l'administration de la police nationale (DAPN) a décidé de mettre à disposition des forces de l'ordre de nouveaux moyens. Outre les lunettes pour se protéger des jets de pierre et les boucliers résistant aux tirs de chevrotines, la DAPN promet qu' «une nouvelle génération de Flash-ball 'lanceur 40' (calibre 40 mm) va leur être fournie» au cours de l'année 2008, passant d'une portée de 10 à 50 mètres.

Il a fallu l'accident de Nantes pour que la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) soit saisie par le sénateur de Loire-Atlantique François Autain en janvier 2008, et rende un avis critique sur la façon dont la police a mené son intervention. Elle recommande aussi une meilleure formation des agents amenés à manier ce lanceur de balles. «Si les projectiles lancés par le LBD ont été choisis pour leur capacité de déformation à l’impact limitant le risque de pénétration dans un corps vivant, ils peuvent avoir des conséquences dramatiques lorsque la partie corporelle atteinte est, comme en l’espèce, le visage et plus précisément les yeux. En outre, un tir à faible distance (à moins de 10-15 mètres) accroît considérablement les risques», note la CNDS.

Le 19 mars, lors de la journée de mobilisation interprofessionnelle, un étudiant de 25 ans perd lui aussi un œil lors d'une action de réquisition de nourriture dans un supermarché. Réagissant à de récentes histoires similaires à celle de leur fils, les parents du jeune Nantais s'interrogent dans un communiqué daté du 12 mai sur le caractère intentionnel de ces mutilations : «Le fait que deux jeunes habitants de Villiers-le-Bel aient pu être tous les deux blessés à l'œil simultanément samedi dernier 9 mai, par des policiers, conduit évidemment à s'interroger sur la possibilité de visées intentionnelles au visage ou même précisément aux yeux.» Regrettant que le débat relatif aux armes à létalité réduite soit «encore placé au second plan dans le débat public», ils regrettent que les enquêtes ouvertes «n'aient aucunement dissuadé la police d'utiliser de tels armements sans discernement».

«Pas de tir au-dessus de la ceinture»

En effet, les blessures irréversibles dues à des tirs de Flash-ball ne cessent pas. Depuis le mois de mai, trois personnes ont perdu un œil dans ces circonstances, et plusieurs usages abusifs du lanceur de balles de défense sont signalés. Le 15 avril, à Argenteuil, un policier tire à bout portant dans le ventre d'un automobiliste qui cherchait à se soustraire à un contrôle.

Un policier tire à bout portant dans le ventre d'un conducteur à Argenteuil, 15 avril 2009 (vidéo sur Bakshih.com)

Autres séquelles recensées par la victime: des nausées, des vertiges, des sifflements. Ainsi, Samir, 18 ans, touché à l'oreille par le tir d'un agent de la brigade anti-criminalité à Neuilly-sur-Marne. Souvent, un nez brisé et plusieurs hématomes accompagnent un tir en pleine tête.

Pourtant, les règles sont claires: pas de tir au-dessus de la ceinture et à moins de 7 mètres. Mais une énième mutilation le 9 mai 2009 à Villiers-le-Bel où deux hommes perdirent un œil poussa le responsable de la direction centrale de la sécurité publique, Eric Le Douaron, à rappeler à l'ordre les forces de l'ordre en faisant circuler une note à ses directeurs départementaux afin qu'ils rappellent les principes de l'usage du Flash-ball et les fassent appliquer.

Une mise au point dont les policiers intervenus le 8 juillet à Montreuil – et qui touchèrent cinq personnes au-dessus de la poitrine – n'ont, semble-t-il, pas fait grand cas.

Ce n'est pas la première fois que la police de Montreuil s'illustre par la brutalité de ses pratiques. La CNDS avait dénoncé «un usage de la force disproportionné» et «des blessures injustifiées» à l'encontre de manifestants qui protestaient contre l'arrestation d'un sans-papiers, devant le commissariat local, le 4 juin 2008. Au cours de la charge, l'un des participants avait d'ailleurs reçu un tir de Flash-ball à bout portant dans les testicules.

11 juillet 2009

À Montreuil, la police vise les manifestants à la tête

Le matin du mercredi 8 Juillet, la police avait vidé une clinique occupée dans le centre-ville. La clinique, en référence aux expériences venues d'Italie, avait pris la forme d'un "centro sociale" à la française : logements, projections de films, journal, défenses des sans papiers, repas... Tous ceux qui réfléchissent au vivre ensemble regardaient cette expérience avec tendresse. L'évacuation s'est faite sans violence. Les formidables moyens policiers déployés ont réglé la question en moins d'une heure. En traversant le marché le matin, j'avais remarqué leurs airs affairés et diligents.
Ceux qui s'étaient attaché à cette expérience et les résidents ont décidé pour protester contre l'expulsion d'organiser une gigantesque bouffe dans la rue piétonnière de Montreuil.
Trois immenses tables de gnocchi (au moins cinq mille) roulés dans la farine et fabriqués à la main attendaient d'être jetés dans le bouillon. Des casseroles de sauce tomate frémissaient. Ils avaient tendu des banderoles pour rebaptiser l'espace. Des images du front populaire ou des colonnes libertaires de la guerre d'Espagne se superposaient à cette fête parce que parfois les images font école. J'ai quitté cette fête à 20h en saluant Joachim.
A quelques mètres de là, c'était le dernier jour dans les locaux de la Parole errante à la Maison de l'arbre rue François Debergue, de notre exposition sur Mai 68. Depuis un an, elle accueille des pièces de théâtres, des projections de films, des réunions, La nuit sécuritaire, L'appel des Appels, des lectures, des présentations de livres... Ce jour-là, on fermait l'exposition avec une pièce d'Armand Gatti « L'homme seul » lu Pierre Vial de la Comédie Française et compagnon de longue date. Plusieurs versions de la vie d'un militant chinois s'y confrontent : celle de la femme, des enfants, du père, du lieutenant, du général, des camarades...
C'était une lecture de trois heures. Nous étions entourés par les journaux de Mai. D'un coup, des jeunes sont arrivés dans la salle, effrayés, ils venaient se cacher... ils sont repartis. On m'a appelé. Joachim est à l'hôpital à l'hôtel Dieu. Il était effectivement là. Il n'avait pas perdu conscience. Son visage était couvert de sang qui s'écoulait lentement comme s'il était devenu poreux. Dans un coin, l'interne de service m'a dit qu'il y avait peu de chance qu'il retrouve l'usage de son œil éclaté. Je dis éclaté parce que je l'apprendrais plus tard, il avait trois fractures au visage, le globe oculaire fendu en deux, la paupière arrachée...
Entre ces deux moments; celui où je l'ai quitté à la fête aux gnocchi et l'hôtel Dieu que s'était-il passé ? Il raconte : Il y a eu des feux d'artifice au dessus du marché. Nous nous y sommes rendus. Immédiatement, les policiers qui surveillaient depuis leur voiture se sont déployés devant. Une minute plus tard, alors que nous nous trouvions encore en face de la clinique, à la hauteur du marché couvert, les policiers qui marchaient à quelques mètres derrière nous, ont tiré sur notre groupe au moyen de leur flashball.
A ce moment-là je marchais et j'ai regardé en direction des policiers. J'ai senti un choc violent au niveau de mon œil droit. Sous la force de l'impact je suis tombé au sol. Des personnes m'ont aidé à me relever et m'ont soutenu jusqu'à ce que je m'assoie sur un trottoir dans la rue de Paris. Devant l'intensité de la douleur et des saignements des pompiers ont été appelés.
Il n'y a pas eu d'affrontement. Cinq personnes ont été touchés par ces tirs de flashball, tous au dessus de la taille. Il ne peut être question de bavures. Ils étaient une trentaine et n'étaient une menace pour personne. Les policiers tirent sur des images comme en témoigne le communiqué de l'AFP.
Un jeune homme d'une vingtaine d'années, qui occupait, avec d'autres personnes, un squat évacué mercredi à Montreuil (Seine-Saint-Denis), a perdu un œil après un affrontement avec la police, a-t-on appris de sources concordantes vendredi. Le jeune homme, Joachim Gatti, faisait partie d'un groupe d'une quinzaine de squatters qui avaient été expulsés mercredi matin des locaux d'une ancienne clinique. Ils avaient tenté de réinvestir les lieux un peu plus tard dans la soirée mais s'étaient heurtés aux forces de l'ordre. Les squatters avaient alors tiré des projectiles sur les policiers, qui avaient riposté en faisant usage de flashball, selon la préfecture, qui avait ordonné l'évacuation. Trois personnes avaient été arrêtées et un jeune homme avait été blessé à l'œil puis transporté dans un hôpital à Paris, selon la mairie, qui n'avait toutefois pas donné de précision sur l'état de gravité de la blessure."Nous avons bien eu connaissance qu'un jeune homme a perdu son œil mais pour le moment il n'y a pas de lien établi de manière certaine entre la perte de l'œil et le tir de flashball", a déclaré vendredi la préfecture à l'AFP.
La police tire sur l'image d'un jeune de 20 ans qui essayent de reprendre son squat. Et pour la police et les médias, cela vaut pour absolution, et c'est le premier scandale.
Faut-il rétablir la vérité sur l'identité de Joachim Gatti ne serait-ce que pour révéler la manipulation des identités à laquelle se livre la police pour justifier ses actes , comme s'il y avait un public ciblé sur lequel on pouvait tirer légitimement ?
Joachim n'a pas 20 ans mais 34 ans.
Il n'habitait pas au squat, mais il participait activement aux nombreuses activités de la clinique
Il est cameraman
Il fabrique des expositions et réalise des films.
Le premier film qu'il a réalisé s'appelle « Magume ». Il l'a réalisé dans un séminaire au Burundi sur la question du génocide. Aujourd'hui, il participe à la réalisation d' un projet dans deux foyers Emmaüs dans un cadre collectif.
On devrait pouvoir réécrire le faux produit par l'AFP en leur réclamant de le publier. Il serait écrit :
Joachim Gatti, un réalisateur de 34 ans a reçu une balle de flashball en plein visage alors qu'il manifestait pour soutenir des squatteurs expulsés. Il a perdu un œil du fait de la brutalité policière.

Stéphane Gatti

10 juillet 2009

ON NE REND PAS LES COUPS (article de Benjamin l'épicier)

"(...) "Il y en a, a-t-il rajouté, qui ont choisi de porter des capuches et des tee-shirts "nique la France", d'autres qui ont choisi de porter l'uniforme, de défendre les valeurs de la République". "Les faits sont extrêmement graves mais dans leur démonstration ils sont extrêmement simples", a estimé le procureur, réfutant les critiques sur l'insuffisance des charges dans un dossier sans preuves matérielles, construit en large partie sur les dénonciations réciproques entre suspects."

(Propos du procureur lors du procès de 10 présumés émeutiers de Villiers-le-Bel retranscrits dans un article du Monde du 4 juillet).

Le premier acte de la grand messe cathartique qui tiendra lieu de procès aux émeutes de Villiers-le-Bel en novembre 2007, vient d’avoir lieu.

Les procès des émeutes urbaines doivent être exemplaires. Les « évènements » de Villiers-le-Bel comme de Clichy-sous-Bois sont des exemples pour la jeunesse des banlieues et bien au-delà. Il faut en étouffer la portée.

Faire bien comprendre à tout le monde qu'en République non plus on ne peut pas rendre les coups.

Un procès exemplaire.

Celui qui vient de se dérouler, les 3 et 4 juillet au Tribunal de Pontoise n'est qu'une mise en bouche. Il ne s'agit encore que de cailloux et de bouteilles lancées sur les unités anti-émeutes durant les deux soirées d'affrontements qui ont suivi la mort de Lakhami et Moushin (13 et 14 ans) dans une collision troublante avec une voiture de police.

On prépare le clou du spectacle pour l'automne.

On fera alors le procès, aux assises, de cinq jeunes hommes accusés d'avoir utilisé des armes à feu contre les policiers anti-émeutes.

"Une centaine de policiers blessés" selon la préfecture de police.

Et plus de soixante-dix agents des forces de l'ordre en partie civile contre les cinq de Villiers. Ce procès comme souvent dans ce genre de contexte n'est pas celui des faits.

Personne n'est en mesure d'établir qui tenait les armes à feu au cours des évènements. Personne.

Les cinq jeunes hommes, dont quatre sont toujours en détention préventive (depuis février 2008) ont été appréhendés puis incarcérés sur la base de témoignages sous-x, plusieurs semaines après les faits. Ces témoignages sous-x la police les a obtenus après plusieurs semaines d'enquête infructueuse. Après aussi la grande perquisition-spectacle qui avait vu le quartier encerclé à l'aube par plus de 1200 policiers en armes, et 35 arrestations télévisées, qui n'avaient rien donné ou presque. Elle les a obtenus en distribuant, dans chaque boîte aux lettres du quartier, des appels à délation assortis de la promesse d’une protection à témoin sous-x et d'une "forte récompense" (on imagine aisément le type de règlements de comptes que cela peut susciter, la police n'a d'ailleurs plus réitéré l'expérience des "récompenses" depuis...).

Hors ces témoignages sous-x rien ne vient étayer la pertinence de cette liste de noms. Elle va pourtant servir à une des grandes mise en scène judiciaire de la Sarkosie.

 

Ce dont on va faire le procès d’ici à la fin de cette année, c'est bien donc de la possibilité même de rendre les coups. Car entendons nous bien, une nuit d'émeute d'une telle intensité ne répond pas seulement à la mort de deux jeunes adolescents. Elle répond à des années de gestion néo-coloniale de certains quartiers, aux brimades, aux contrôles quotidiens, aux gardes à vue abusives, aux blessures, aux abattages aléatoires...

En 2005, l'actuel président a multiplié des appels à la guerre à peine voilés.

Il a placé la relation des autorités aux jeunesses des quartiers populaires sur le plan de la guerre.

Il a doté la police de moyens pour mener une telle guerre (équipements de corps, flash-ball, tazers, drones, hélicoptères et véhicules équipés d'halogènes tournants). Les policiers ont été systématiquement galvanisés en ce sens, tant par sa gestuelle hystérique à lui que par les grimaces autoritaires d'une MAM, qui n’a cessé de leur envoyer des fleurs pour flatter leur "professionnalisme".

La doctrine Sarkozy a définitivement fait de la police et de la gendarmerie un parti. Son parti. Restructurations, remontrances et mots doux y prennent les mêmes traits que dans sa relation à son autre parti, et la même efficacité.

Ce procès à venir, c'est la tête du jeune-rebelle-de-banlieue-inconnu apportée sur un plateau aux syndicats de police qui réclament vengeance ET impunité.

La punition "exemplaire" qu'on demandera à la magistrature d'énoncer, dira aussi à tous:

"On ne rend pas les coups!"

Les évènements de Villiers-le-Bel, comme ceux de Clichy-sous-Bois valent au delà d'eux mêmes, ils sont chargés de sens, pour le pouvoir, pour la police, pour les jeunes des quartiers populaires mais aussi pour l'ensemble de la jeunesse de ce pays qui, de diverses manières, a pris en pleine gueule la gouvernance Sarkozy (qui n’a sans doute de nouveau que le style et le franc-parler). Celle-là même qui l'a officiellement désignée comme figure potentielle de l'ennemi. Clichy-sous-Bois avait résonné partout et longtemps, jusqu’au cœur des manifestations anti-CPE, Villiers-le-Bel n’a pas fini de résonner, malgré les procès et les diatribes du parti de l’ordre.

La question qui se pose à nous, public récalcitrant, n'est pas tant de oui ou non soutenir tel ou tel acte, ni de savoir si ce sont ou non des "innocents" qui vont être jugés, elle est de reconnaître que ces évènements se situent dans le cours d'une guerre ouverte, déclarée par le gouvernement lui même. Elle est de refuser ou non de baisser la tête au moment où on s'apprête à en pendre quelques-uns, pour l'exemple.

23 juin 2009

pas de poursuites!

la dernière personne arrêtée à la manif du 21 juin et qui a été déférée devant le parquet cette après-midi a été relaxée sans aucune poursuite

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23 juin 2009

Des nouvelles des arrestations du 21 juin

sur les 6 personnes arrêtées hier:

-5 relâchées, sans poursuites, mais avec possibilité d'être reconvoquées durant les six prochains mois si de nouveaux éléments dans l'enquête pouvaient les mettre en cause
- un rappel à la loi pour l'une d'entre elles.

- la dernière personne devrait être déférée devant le parque demain

un appel est lancé pour se rassembler au palais de justice, à priori à 9h30
plus de précisions à venir...

23 juin 2009

COMMUNIQUÉ

COMMUNIQUÉ du 21 juin

 

Ce jour, au lendemain de la publication officielle du décret anti-cagoule, plusieurs centaines d’invisibles se sont rassemblés à la fontaine des Innocents, à Paris. Un cortège riche des masques les plus variés marchant au rythme tenu de percussions artisanales s’est ébranlé en direction de la Bastille. Il a rencontré sur son chemin le siège de l’Administration Pénitentiaire.

 

Répondant à la double provocation que constituent l’immense banderole "Tour de France cycliste de la Pénitentiaire" et l’existence même de ce bâtiment, bloqués par les CRS à ce stade précoce de leur parcours, surveillés par un hélicoptère, les manifestants ont trouvé bon de marquer la façade de quelques signes explicites de leur passage : vitrines brisées, tirs de mortier, fumigènes, etc.

 

Conformément à la stratégie manifeste de la police, ils ont été chargés, gazés, refoulés.

 

Quelques contre charges plus tard, le quartier étant quadrillé, les manifestants se dispersent dans la foule. Au moins six personnes ont été interpellées, les unes de façon politiquement ciblées, les autres de façon opportune. Un gradé ramassant des fumigènes, a été entendu fragnolant au téléphone : "C’est bon. On a de quoi faire un truc pas mal. On a des fumigènes, un outrage, des débris. C’est vraiment pas mal."

 

Nous restons curieux des suites policiaro-judiciaires qui seront données aux faits de ce jour. Nous sommes plus déterminés que jamais. Le bal continue. Les masques vaincront.

 

Des comités de soutien aux inculpés de l’antiterrorisme, et d’ailleurs.

22 juin 2009

Deux ou trois choses... une lettre ouverte d'Yldune

C'est un homme, dans un bureau, comme tant d'autres hommes dans tant d'autres bureaux auxquels il ressemble sans ressembler à rien. Celui-là dispose d'un pouvoir spécial, certainement dû au fait que son bureau occupe le dernier étage d'une quelconque tour d'un palais de justice.

On dit qu'il instruit, qui ? quoi ? Il instruit. Il écroue. Il interroge. Il rend des ordonnances, de pâles ordonnances, où quelques articles de loi, une poignée de formules convenues et de considérations vagues se concluent par d'impénétrables mesures de contrôle judiciaire. Benjamin, certainement trop apprécié comme épicier à Tarnac, sera assigné à résidence chez sa mère en Normandie, où il n'a jamais vécu, à 30 ans. Manon et moi, qui partagions tout à Fleury, n'avons plus le droit de nous voir maintenant que nous sommes "libres". Julien peut se mouvoir dans toute la couronne parisienne, non traverser Paris, au cas où lui viendrait la tentation de prendre d'assaut l'Hôtel de Ville, sans doute.

Tel ami qui le visitait au parloir de la Santé doit se garder de le croiser désormais, sous peine de réincarcération. L'homme au bureau construit un dédale de murs invisibles, un labyrinthe d'impossibilités factices où nous sommes censés nous perdre, et perdre la raison. Il y a un ordre dans cet écheveau d'absurdités, une politique de désorientation sous les accents neutres du judiciaire.

On nous libère en prétextant qu'il n'y a pas de "risque de concertation frauduleuse" pour ensuite nous interdire de nous voir et nous exiler ici ou là, loin de Tarnac. On autorise un mariage tout en en faisant savamment fuiter le lieu et la date. On fragnole (1), à coup sûr, mais pas seulement.

C'est par ses incohérences qu'un ordre révèle sa logique. Le but de cette procédure n'est pas de nous amener à la fin à un procès, mais, ici et maintenant, et pour le temps qu'il faudra, de tenir un certain nombre de vies sous contrôle. De pouvoir déployer contre nous, à tout instant, tous les moyens exorbitants de l'antiterrorisme pour nous détruire, chacun et tous ensemble, en nous séparant, en nous assignant, en starifiant l'un, en faisant parler l'autre, en tentant de pulvériser cette vie commune où gît toute puissance.

La procédure en cours ne produit qu'incidemment des actes judiciaires, elle autorise d'abord à briser des liens, des amitiés, à défaire, à piétiner, à supplicier non des corps, mais ce qui les fait tenir : l'ensemble des relations qui nous constituent, relations à des êtres chers, à un territoire, à une façon de vivre, d'oeuvrer, de chanter. C'est un massacre dans l'ordre de l'impalpable. Ce à quoi s'attaque la justice ne fera la "une" d'aucun journal télévisé : la douleur de la séparation engendre des cris, non des images. Avoir "désorganisé le groupe", comme dit le juge, ou "démantelé une structure anarcho-autonome clandestine", comme dit la sous-direction antiterroriste, c'est dans ces termes que se congratulent les tristes fonctionnaires de la répression, grises Pénélope qui défont le jour les entités qu'ils cauchemardent la nuit.

Poursuivis comme terroristes pour détention de fumigènes artisanaux au départ d'une manifestation, Ivan et Bruno ont préféré, après quatre mois de prison, la cavale à une existence sous contrôle judiciaire. Nous acculer à la clandestinité pour simplement pouvoir serrer dans nos bras ceux que nous aimons serait un effet non fortuit de la manoeuvre en cours.

Ladite "affaire de Tarnac", l'actuelle chasse à l'autonome ne méritent pas que l'on s'y attarde, sinon comme machine de vision. On s'indigne, en règle générale, de ce que l'on ne veut pas voir. Mais ici pas plus qu'ailleurs il n'y a lieu de s'indigner. Car c'est la logique d'un monde qui s'y révèle. A cette lumière, l'état de séparation scrupuleuse qui règne de nos jours, où le voisin ignore le voisin, où le collègue se défie du collègue, où chacun est affairé à tromper l'autre, à s'en croire le vainqueur, où nous échappe tant l'origine de ce que nous mangeons, que la fonction des faussetés, dont les médias pourvoient la conversation du jour, n'est pas le résultat d'une obscure décadence, mais l'objet d'une police constante.

Elle éclaire jusqu'à la rage d'occupation policière dont le pouvoir submerge les quartiers populaires. On envoie les unités territoriales de quartier (UTEQ) quadriller les cités ; depuis le 11 novembre 2008, les gendarmes se répandent en contrôles incessants sur le plateau de Millevaches. On escompte qu'avec le temps la population finira par rejeter ces "jeunes" comme s'ils étaient la cause de ce désagrément. L'appareil d'Etat dans tous ses organes se dévoile peu à peu comme une monstrueuse formation de ressentiment, d'un ressentiment tantôt brutal, tantôt ultrasophistiqué, contre toute existence collective, contre cette vitalité populaire qui, de toutes parts, le déborde, lui échappe et dans quoi il ne cesse de voir une menace caractérisée, là où elle ne voit en lui qu'un obstacle absurde, et absurdement mauvais.

Mais que peut-elle, cette formation ? Inventer des "associations de malfaiteurs", voter des "lois anti-bandes", greffer des incriminations collectives sur un droit qui prétend ne connaître de responsabilité qu'individuelle. Que peut-elle ? Rien, ou si peu. Abîmer à la marge, en neutraliser quelques-uns, en effrayer quelques autres. Cette politique de séparation se retourne même, par un effet de surprise : pour un neutralisé, cent se politisent ; de nouveaux liens fleurissent là où l'on s'y attendait le moins ; en prison, dans les comités de soutien se rencontrent ceux qui n'auraient jamais dû ; quelque chose se lève là où devaient régner à jamais l'impuissance et la dépression. Troublant spectacle que de voir la mécanique répressive se déglinguer devant la résistance infinie que lui opposent l'amour et l'amitié. C'est une infirmité constitutive du pouvoir que d'ignorer la joie d'avoir des camarades. Comment un homme dans l'Etat pourrait-il comprendre qu'il n'y a rien de moins désirable, pour moi, que d'être la femme d'un chef ?

Face à l'état démantelé du présent, face à la politique étatique, je n'arrive à songer, dans les quartiers, dans les usines, dans les écoles, les hôpitaux ou les campagnes, qu'à une politique qui reparte des liens, les densifie, les peuple et nous mène hors du cercle clos où nos vies se consument. Certains se retrouveront à la fontaine des Innocents à Paris, ce dimanche 21 juin, à 15 heures. Toutes les occasions sont bonnes pour reprendre la rue, même la Fête de la musique.

(1) Il manque assurément au vocabulaire français un verbe pour désigner la passion que met un assis à rendre, par mille manœuvres minuscules, la vie impossible aux autres. Je propose d'ajouter pour combler cette lacune à l'édition 2011 du Petit Robert le verbe "fragnoler" d'où découlent probablement le substantif "fragnolage", l'adjectif "fragnolesque" et l'expression argotique "T'es fragno !" dont l'usage est attesté et ne cesse de se répandre.

4 juin 2009

APPEL A LA MANIF DU 21 JUIN

Invitation du comité de soutien aux inculpés de Tarnac.

Aux autres luttes.

le_nouvel_oculus_copieOn se bat aujourd'hui, comme hier, comme avant-hier, comme toujours, des hommes et des femmes se battent, pour leurs droits, pour garder leur emploi, pour travailler moins ou moins durement, pour des salaires moins rachitiques; partout on se bat pour la liberté, pour son hôpital ou contre la prison, pour trois sous, pour des médicaments, pour l'honneur, pour les allocations, on se bat pour ses amis, sa soeur, son père, son frère ou sa mère, pour sauver la recherche, pour l'idée qu'on se fait de l'éducation ou de la psychiatrie; pour plus d'avantages, pour moins de soucis, on se bat pour sa survie, on se bat parce qu'on ne veut pas crever ou parce que l'on crève de rage, ou bien encore parce que le mépris des gouvernants et des patrons, des juges et des contrôleurs sociaux, des cabinets d'études, des experts, des connards patentés et de ceux qui vous expliquent qu'il faut patienter encore, encaisser un petit peu plus, sous peine de payer de sa peau – parce que le mépris qu'on nous oppose est si évident et si insolent, on se bat aussi sans savoir bien pourquoi mais parce que ça vous tombe dessus; partout, toujours, on se bat. Les raisons ne sont pas à discuter, la force qui les habite se charge de leur donner raison.

Mais à coup sûr on se bat aujourd'hui avec plus de sérieux qu'hier, avec plus de sérieux qu'il y a dix ans, on se bat avec plus de sérieux qu'on ne l'avait fait depuis longtemps. On n'est moins prêts à se faire virer, massacrer ou affamer sans conséquence. Quand une délocalisation comme il y en a tant entraine la destruction d'une préfecture (Continental), quand les employés d'ErDF et de GrDF rappellent par les faits qu'être employé dans les secteurs de l'énergie c'est aussi être en mesure d'éteindre la machine, quand on sort le canon pour garder son hôpital (Carhaix), voilà qui est sérieux, voilà qui a le mérite de rappeler que l'histoire est une puissance dont les hommes peuvent à chaque instant se ressaisir, au grand dam de ceux qui en sont, temporairement, les vainqueurs.

A ce sérieux du peuple, et comme en miroir, répond le mépris des gouvernants et des gestionnaires, leur mépris sans limite, et ceci est leur forme de sérieux propre, c'est le sérieux des gouvernants. A ce sérieux du peuple, à ce sérieux qui est plein d'histoire, qui est plein de l'histoire du peuple, à ce sérieux qui est le retour de l'histoire, les gouvernants opposent leurs airs de bouffons grimaçants, leurs airs de courges satisfaites à Saint Tropez, la nouvelle petite Marie-Antoinette présente son caniche à la presse, on organise comme de rien des sommets sur l'immigration, à Vichy bien sûr. Mais cela n'est pas tout. Il faut au sérieux vacillant de nos petits maîtres une quille, comme en ont les bateaux, une quille pour ne pas basculer trop fort, à la première vague. Et cette quille, c'est la peur.

Au fait tout simple, au fait très élémentaire, et de toujours, que des hommes et des femmes se battent, on invente des noms de croquemitaine. C'est ainsi qu'on produit sur la scène médiatique les « casseurs », les « bandes » et les « terroristes », les « jeunes des cités » ou les « clandestins », comme on présentait jadis les « sorcières » au public avant de les brûler. Par un usage savant et crapuleux des nomenclatures, le journal de 20h et les discours des ministres ont rebaptisé, pour les lui rendre étrangères et odieuses, des techniques de lutte qui ont toujours appartenu au peuple, et notamment au mouvement ouvrier : il est devenu banal d'appeler une simple grève une « prise d'otages », on a même essayé récemment de qualifier un sabotage sans danger « d'attentat terrroriste ». Contre les sorcières, c'est bien connu, tout est permis. La prison bien sûr, avec ou sans procès, les contrôles judiciaires exorbitants, qui fixent les lieux d'habitation et les trajets autorisés, interdisent à l'ami de voir l'ami, au frère de voir la soeur ; et, quand «l'ennemi intérieur» est suffisamment avéré, par sa mauvaise naissance par exemple, les vexations infinies, les attaques de la police, à l'occasion le massacre.
Tout ceci, les dénonciations publiques, les fabriques d'épouvantails, les dispositions pénales et militaires, visent d'abord à défaire les liens, les liens non-neutres, qu'il y a entre les êtres, les liens politiques. Les liens ne cessent pas quand on le leur demande, ils ne connaissent pas de Grenelle, l'amitié est la chair du politique – ou bien le politique est une insanité.
Evidemment, nous avons besoin de bien plus qu'une manifestation, il nous faut des liens plus durables et plus joyeux, à la mesure du sérieux de la situation. Mais cette manifestation-là pourrait être une première rencontre, c'est notre invitation. Faites comme chez vous.

Rendez-vous le 21 juin, à Paris, 15h, fontaine des Innocents (M° Châtelet-les Halles).

appelmanif

3 juin 2009

IF I CAN'T BREATHE, I DIE.

VIDEO SUR L'AFFAIRE
Elle fût projetée à un concert de soutien, depuis une seule chose a changé : la sortie de prison de Julien.
Les contrôles judiciaires sévissent toujours...

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